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Revue De Style: Gabriella Karefa-Johnson

Gabriella Karefa-Johnson est peut-être connue pour donner de la visibilité de jeunes talents, que ce soit la créatrice Bad Binch TongTong ou la photographe Nadine Ijewere, mais la styliste basée à New York, qui, en 2021, est devenue la première femme noire à s’occuper du stylisme d’une couverture de Vogue, a toujours eu le regard tourné vers le passé : « Je suis une disciple de Marc Jacobs, et cette époque de la mode influence vraiment la façon dont je m'habille », déclare Karefa-Johnson, que l'on retrouve aussi souvent dans un T-shirt à l’effigie d’un groupe de rock vintage que dans un pantalon évasé des années 70 trouvé lors d'une de ses nombreuses partie de chasse vintage. Ici, elle revient sur son shooting révolutionnaire du numéro de septembre avec Serena Williams et partage le mantra qu'elle a appris de Tonne Goodman.

Comment décririez-vous votre style personnel?

Mon style est un mélange éclectique. Le bazar est vraiment le mot clé de mon style. J'oscille entre mon côté féminin et masculin. Je pense toujours que je suis un extraterrestre qui voyage entre deux planètes, celle d'un ado de 14 ans et celle d'une fille qui a grandi obsédée par la mode, les magazines, et The Hills… Je suis une disciple de Marc Jacobs, cette époque de la mode influence vraiment la façon dont je m'habille.

Comment votre propre style se compare-t-il à votre travail de stylisme?

En termes de style, je me fie totalement à l’histoire que j’ai envie de raconter, il s'agit donc beaucoup moins de capturer une tendance que de relater une histoire et de créer un monde dans lequel un modèle ou un talent vit et habite. J'aime vraiment styliser d'une manière qui a du sens pour un personnage, alors que pour moi, j’imagine un style d'une manière qui a du sens pour moi, ce qui est bien sûr absurde.

Quel est votre shooting le plus mémorable?

J'apporte toujours un petit morceau de chaque séance photo sur la suivante, et elles sont toutes mémorables à bien des égards, mais, au début de ma carrière, j'ai fait une séance photo avec la photographe Nadine Ijewere pour Garage appelée Black Cotillon, qui a vraiment donné l’impuslion de toute ma carrière. Il s'agissait de combler une absence d'imagerie visuelle. Il y a toujours eu ce que nous considérons comme de la haute couture dans les communautés blanches, mais il n'y a pas de paysage visuel à partir duquel s'inspirer lorsque nous pensons à la haute société dans les communautés noires. Nous avons donc décidé de créer nos propres références dont les stylistes et les créateurs d'images après nous pourraient s'inspirer… C'était la première fois que je cherchais véritablement à raconter une histoire qui n'avait jamais été racontée auparavant à travers la mode.

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Plus récemment, j'ai vécu quelque chose d'incroyable sur un shooting avec Serena Williams. Ce n'était pas la première fois que je travaillais avec elle, mais c'était la première fois que je travaillais avec elle avec une liberté créative totale. Trouver un langage visuel qui communique à quel point elle est belle, à quel point elle est puissante et aussi à quel point elle est singulière était vraiment important. J'ai décidé que le minimalisme et la mise à nu de qui elle est était la voie à suivre - sans fioritures de mode. En réalité, cela allait à l'encontre de beaucoup de mes impulsions stylistiques, qui, comme je l'ai dit, ont tendance à être intenses, texturées, compliquées et cherchent toujours à raconter une histoire… Il n'y avait pas d'histoire à raconter parce que Serena était l'histoire. C'était un défi parce qu'il y avait une pression liée à tout ça; c'était la couverture du numéro de septembre - qui compte énormément pour moi et pour tout le monde - et je voulais vraiment en faire quelque de chose de waou.

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Vous avez travaillé avec Tonne Goodman pendant de nombreuses années. Quelles sont certaines des leçons que vous avez apprises d'elle?

Tonne était un mentor et une professeur incroyable pour moi parce qu'elle m'a vraiment appris les bases de la création d'une histoire. C'est une femme qui a créé tout un langage visuel. Je pense qu'elle était la styliste absolue en matière d'Americana classique en plus d’avoir une identité minimaliste. Comme vous le savez, c'est complètement à l'opposé du style que j’ai aujourd’hui, donc je pense qu'elle m'a appris les éléments de base et la structure afin de pouvoir presque les démonter et créer ma propre façon d’exercer le métier de styliste. J'ai appris d'elle la conviction de la vision et la définition du goût. J'ai aussi appris d'elle un mantra que j’ai avec moi tout le temps. C'est très simple, mais c'est vraiment puissant et efficace : tout arrive pour une raison. Il y a un tas de rédactrices célèbres qui peuvent piquer une crise ou crier sur les assistants lorsque une robe Chanel n'arrive pas à temps sur un shoot, or elle n'a jamais été comme ça. Elle bossait comme les autres, ce qui m'a rendue adaptable dans ma propre carrière et ma propre vie et m'a également appris à encaisser les coups.

Qu'y a-t-il dans votre kit de style?

J'ai toujours ce que j'appelle des collants Roy G Biv - des collants de toutes les couleurs de l'arc-en-ciel - parce que je pense que la bonneterie est l'outil de style le plus efficace. J'ai aussi toujours du latex avec moi parce que je pense que c'est un moyen de subvertir automatiquement n'importe quel genre ou esthétique. Si quelque chose vous semble trop girly, jetez du latex dessus. C'est une matière très synthétique, scientifique et pseudo-sexy… C'est une touche parfaite.

Quelles sont les pièces phares de votre garde-robe?

Je cherche toujours à faire passer un message. Je n'ai qu'une seule oreille percée, j'ai craqué pour le look mono boucle d'oreille de Nicolas Ghesquière qui a été un tendance un moment. À part ça, je suis une enfant des années 90 - j'ai grandi avec Newport Beach - donc j'ai toujours énormément de T-shirts de groupes de musique. Je les porte avec un jean pour des cocktails ou des événements plus formels avec une jupe boule ou quelque chose qui brille un peu. Ils sont vraiment mon uniforme et je trouve qu’ils s'adaptent à toutes les occasions.

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Comment intégrez-vous le vintage dans votre dressing?

Je ne dirais pas que je suis un chercheuse vintage traditionnelle, mais j'ai gravi certains échelons et je peux maintenant me permettre une mode que je n'aurais jamais pu m’offrir auparavant. Il y a tellement de choses qui m'ont échappé, j'ai maintenant l'impression d'avoir une seconde chance pour les posséder. Je pense aussi que les objets qui ont été habités ou qui ont eu une vie auprarant ont une certaine qualité et texture, qui imprègne automatiquement tout ce que vous portez.

De plus, parce que je suis une personne de grande taille, il est beaucoup plus facile pour moi de trouver des choses qui me vont dans les décennies antérieures qu’aujourd’hui. Il y a eu des idéaux restrictifs sur le corps depuis la nuit des temps, mais il y avait aussi un sens pratique que la mode perd parfois de vue, du moins dans le domaine de la haute couture je trouve. Donc j'aime pouvoir passer par une friperie ou un magasin vintage et regarder des pièces des années 50 qui étaient plus généreuses au niveau des hanches ou du buste ou des pièces évasées des années 70 où le mouvement et la liberté du corps étaient vraiment considérés. Ces pièces sont maintenant des incontournables de ma garde-robe, et j'ai plus de plaisir à faire du shopping de cette façon qu'à faire du shopping dans la mode contemporaine.

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Où cherchez-vous l'inspiration?

La nostalgie est quelque chose à laquelle notre génération de millenials est accro et très attachée parce que nous sommes encore en train de définir à quoi ressemble notre passage dans le temps, alors nous regardons vers le passé pour savoir où nous voulons aller. Je regarde beaucoup vers ma famille et j'adore me pencher sur les vieux albums de photos. Je pense que ma tante, ma mère et ma grand-mère sont les personnes les plus chics. Souvent, quand je parle de raconter des histoires qui n'ont pas été racontées dans mon style, je pense à mes histoires de famille. J'aime aussi beaucoup les films classiques. Le cinéma est quelque chose qui attire tant les stylistes et les rédactrices parce qu'en fin de compte, nous faisons la même chose : nous essayons de raconter des histoires visuelles et de construire des mondes à partir de notre imagination. Voir cela prendre vie en 3D - avec des dialogues et de beaux costumes, coiffures et maquillages - est vraiment inspirant pour moi quand je pense à ce que je vais faire dans un monde en deux dimensions sur la page d'un magazine. 

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