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Revue de Style : Sasha Charnin

The Style Series: Sasha Charnin

En 1977, à l’âge de 12 ans, Sasha Charnin Morrison a assisté à une scène qui allait changer le cours de sa vie : le dressing de Vogue. « C’était une explosion visuelle », se souvient-elle. « À ce moment-là, j’ai réalisé que, quoi que ce soit, je voulais en faire partie. » Avec cela, la New-Yorkaise, qui rêvait de Broadway, a troqué le monde du spectacle pour celui de la mode—et les mastheads.

 

Quel est votre premier souvenir de mode ?

Je voulais faire du théâtre et arrêter l’école, alors mes parents ont trouvé une école individuelle sur la 59e rue. L’avantage, c’est qu’elle était située juste au-dessus de Fiorucci lors de son ouverture à New York. 

Imaginez ! J’allais en cours, puis je descendais chez Fiorucci chaque jour. Je ne crois même pas que mes parents réalisaient à quel point cela allait m’influencer.

 

Vous avez posté plusieurs photos sur Instagram de vous et votre mère portant des tenues assorties. Comment a-t-elle influencé votre approche de la mode ?

Ma mère, qui va avoir 92 ans, reste probablement la personne la plus stylée que je connaisse. Elle nous habillait de manière coordonnée, donc j’étais cette gamine hippie des années 70 en robes smock en velours noir et bottes Frye… Mon approche du high-low et du vintage vient d’elle. 

Mon père aussi, qui était le plus grand amateur de shopping que j’aie jamais connu. Nous n’avions pas les moyens pour du luxe, mais nous avions des bagages Louis Vuitton vintage, que j’ai toujours.

 

À la fin des années 70, Jade Hobson, alors directrice artistique de Vogue, devient votre belle-mère...

Quelle chance j’ai eue ! J’avais 12 ans et je voulais être orpheline dans Annie. Puis mon père s’est séparé de ma mère et a rencontré Jade Hobson. Notre première rencontre—le fameux jour « rencontre la copine de ton père »—a eu lieu dans le dressing de Vogue sur Madison Avenue.

Je me souviens exactement de ma tenue : une robe thermique blanche Parachute avec des épaulettes et des slingbacks roses Sacha London. Ça peut sembler horrible, mais c’était très tendance en 1977. J’entre et je découvre cette succession infinie de ceintures, chaussures, sacs, pièces de couture et prêt-à-porter. C’était une révélation. À cet instant, je ne voulais plus entendre parler de show business.

 

Jade vous a-t-elle donné des conseils qui vous ont marqué ?

Elle n’était pas du genre à donner des conseils. Mais elle était incroyablement talentueuse. Elle a travaillé avec des photographes comme Helmut Newton, Steven Meisel, Denis Piel, Arthur Elgort, Irving Penn, Richard Avedon… Elle a aussi été la première à photographier Azzedine Alaïa et à inclure des créateurs japonais dans Vogue.

Elle ne m’a jamais vraiment donné de conseils directs, mais elle savait que j’étais passionnée. Un jour, dans les années 80, je suis entrée chez Bendel’s, où j’ai acheté mon premier Comme des Garçons, et j’ai découvert un vêtement orné de paillettes transparentes et de graffitis. Stephen Sprouse. J’ai eu une révélation. Ce Noël-là, Jade m’a offert cinq pièces uniques de Sprouse, faites spécialement pour moi.

 

Vous avez travaillé avec des figures majeures de la mode, comme Grace Mirabella et Liz Tilberis. Qu’avez-vous appris d’elles ?

Je réalise maintenant que j’ai eu la chance d’avoir les mentors les plus incroyables. Sans même y penser, j’ai toujours su m’aligner avec des personnes qui allaient soutenir ma vision et m’influencer profondément.

Mon premier vrai travail était à Vanity Fair en 1986, sous la direction de Maria Schiano, une légende. Elle était la conseillère de Calvin Klein, Armani, Yves Saint Laurent… J’avais 21 ans et je ne comprenais pas encore à quel point elle était brillante. Mais elle m’a appris tout ce qu’il ne faut pas faire. C’est essentiel. Si votre première expérience est trop facile et que la suivante est dure, vous n’êtes pas préparé. J’ai été maltraitée comme assistante, mais j’ai appris.

Ensuite, j’ai travaillé pour Grace Mirabella lorsqu’elle a lancé Mirabella. C’était un start-up magazine, j’étais la première à arriver et la dernière à partir. C’était épuisant mais exaltant. Si vous leviez la main, on vous confiait un poste. Je suis devenue bookeuse de mannequins, puis éditrice swimwear. Grace m’a introduite au haut de la mode, et elle a même écrit la préface de mon livre.

Puis, j’ai travaillé pour Midge Richardson à Seventeen. C’est là que j’ai appris l’importance du lecteur : un éditeur doit toujours se demander si ce qu’il propose apporte réellement quelque chose.

Ensuite, j’ai brièvement rejoint Elle, mais ce que je voulais vraiment, c’était Harper’s Bazaar. À l’époque, changer trop vite de travail était mal vu. Mais après un mois chez Elle, j’ai reçu un appel de Paul Cavaco de Bazaar. Il m’a proposé un poste équivalent. C’était ma chance, alors j’ai pris le risque.

Travailler sous la direction de Liz Tilberis était incroyable. Elle riait tout le temps. Elle nous a appris qu’il faut aimer la mode, faire son travail, mais aussi vivre pleinement. Son soutien et sa confiance étaient uniques. Nous étions tous là à ses côtés quand elle est décédée. Et après, tout a changé.

 

Pensez-vous que le monde de l’édition ait encore ces figures influentes ?

Je pense qu’il y a encore des talents incroyables, mais ils n’ont plus les moyens que nous avions.

Et soyons honnêtes : Vogue a aujourd’hui une opportunité immense qui est gâchée. Anna Wintour pourrait révolutionner l’industrie si elle le voulait. Mais cela ne se produit pas. À un moment donné, il faut savoir dire : je dois laisser la place à quelqu’un qui peut faire évoluer les choses.

 

La mode vous excite-t-elle encore aujourd’hui ?

Bien sûr ! J’adore la mode. Je critique, mais toujours avec une connaissance approfondie. Je sais de quoi je parle.

Je trouve que le luxe actuel a perdu son savoir-faire, et les prix sont absurdes. Alors maintenant, je chine et je collectionne des pièces d’archives. Plutôt que d’acheter du neuf, je traque des pièces Miu Miu, Stella McCartney à ses débuts, Krizia par Alber Elbaz, ou Claude Montana pour Lanvin.

Si je pouvais acheter tous les manteaux Miu Miu qui ont jamais existé, je le ferais.

Chez ReSee, chacune de nos pièces vintage ont une histoire. Cela en grande partie grâce à notre communauté imbattable de collectionneurs.

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